Après que d’autres pays lui ont fit découvrir pendant si longtemps les joies de la monarchie, puis de la dictature, l’Estonie est devenue, dans sa première indépendance comme actuellement, une
République, géré par un président, le quatrième du nom, M.Toomas Hendrik Ilves, et dont le mandat, de 5 ans, va s’achever fin septembre cette année.
M.Toomas Hendrik Ilves en vêtements traditionnels
L’Estonie étant une
démocratie parlementaire, c’est bien évidemment notre parlement, le
Riigikogu, qui élit le président par un premier tour de scrutin, ce dernier devant obtenir au moins les deux tiers des votes. Cependant, le Riigikogu étant ce qu’il est, il est évident qu’un second scrutin soit des fois à faire, et dans ce cas, on doit réunir l’assemblée électorale, composée des membres du Riigikogu et des membres du gouvernement, qui devrons choisir entre les deux candidats ayant eu le plus de votes. Donc, ça y est, une fois le président élu… il n’a plus tellement de choses à faire, puisqu’il a essentiellement une fonction représentative. Enfin,
il dispose, avec le gouvernement, des pouvoirs exécutifs, n’allez pas croire qu’il n’a rien à faire : il a le droit de veto sur une loi votée par le Riigikogu, et la lui renvoie pour une deuxième lecture si nécessaire, sa signature est requise pour la nomination des ministres au gouvernement, il peut soumettre au Riigikogu des noms pour diverses hautes fonctions, et, dernier mais non des moindres, il est également commandant suprême des forces armées.
Une fois le président élu, il nomme le
Premier Ministre, qui va former le gouvernement. Si le candidat désigné par le Président n’obtient pas la majorité de suffrages exprimés par le Riigikogu, ou est incapable de former un gouvernement, (la Constitution permet au Président deux nominations), le droit de présenter un candidat aux fonctions de Premier ministre revient alors au Riigikogu. Le Premier ministre désigne les ministres qui ensuite sont nommés par le Président avant de prêter serment devant le Riigikogu. La sélection du Premier ministre, la formation du gouvernement et le succès du programme législatif dépend du Parlement. Pour faire contrepoids, le gouvernement peut dissoudre le Parlement, avec l’accord du président, et convoquer de nouvelles élections si le Parlement lui refuse la confiance.
Andrus Andsip, actuel premier ministre
Bon, après l’avoir cité tant de fois, parlons du Riigikogu. Le nom, déjà. La première partie du mot, «riigi -» vient de l'allemand «reich»–les germaniques ont tout de même occupé le territoire durant 700 ans, donc oui, ils ont eu une certaine influence sur la langue- qui signifie ici «État», tandis que la seconde partie, « - kogu » vient du mot « assemblée » en estonien.
Le Riigikogu est un
Parlement monocaméral comportant
101 députés, élus tous les 4 ans au système de représentation proportionnelle par les citoyens estoniens de plus de 18 ans. Le pays est divisé en douze circonscriptions électorales qui comptent chacune de six à quatorze sièges à pourvoir. Un parti politique doit obtenir 5% des voix pour être représenté au parlement. Depuis la XIIeme législature, votée le 6 mars 2011, les deux plus gros partis sont l’
Eesti Reformierakond –Le Parti Réformiste Estonien, parti libéral centre-droit- et l’
Eesti Keskeracond –Le Parti du Centre Estonien, parti de centre-gauche et le plus ancien parti politique du pays, largement soutenu par la minorité russophone-, avec respectivement 28,6% des voix/33 députés et 23,3 % des voix/26 députés. Les autres partis représentés sont l’
Isamaa ja Res Publica Liit - Union Pro Patria et Res Publica, fusion de deux partis conservateurs, 20,5 % des voix/23 députés- et le
Sotsiaaldemokraatlik Erakond –Parti Social-démocrate, 17,1% des voix/19 députés-. Cette division est particulièrement intéressante, car, deux partis habituellement représentés, l’
Erakond Eestimaa Rohelised et l’
Eestimaa Rahvaliit –équivalent des Verts et du Front Populaire- n’arrivent pas à atteindre les 5% représentés.
Depuis 1922, les séances du Riigikogu ont lieu au château de Toompea, au centre de Tallinn. Et aucun commentaire sur la couleur. Et pour finir sur une touche technologique, ce ne serait pas complètement un dossier sur l'Estonie sinon, le gouvernement estonien montre l'exemple en étant le premier au monde, en août 2000, à utiliser pour ses réunions hebdomadaires un système de documentation en réseau, pour des séances de travail sans papier. Par ailleurs, le Riigikogu est entièrement équipé de matériel de vote informatique, les résultats sont transmis via internet et donc directement accessibles aux citoyens. Prenez gardes, ennemis des nouvelles technologies !