Un jour ton prince viendra ! [Ukraine]

Moche
...
Insipide
...
Trop bien fringué pour être honnête

Hongrie était assez déçue de se qu’elle voyait défiler sur le trottoir d’en face. Sérieusement, où était les beaux gosses ? Ils se cachaient, c’est ça ? Elle soupira bruyamment. Il ne se passerait rien d’intéressant ici au niveau masculin, ça au moins c’était clair. Elle se détourna vers sa compagne en souriant. Parce que oui, pour une fois, (attendez, comment ça « pour une fois » ?!) Elizaveta traquait le beau mec pour une autre raison que sa propre personne.
Et, ma foi, ce n’était pas désagréable.
Elle s’était mis en tête de façon assez stupide que Ukraine voulait se caser, méritait d’être casée, se DEVAIT d’être casée. Une fille aussi mignonne, gentille, blonde, souriante, à forte poitrine ne pouvait pas rester seule ! C’était un crime. Le problème était quand même qu’une forte majorité des garçons de leur école était gay. La hongroise n’avait rien contre (loin de là) mais ça devenait problématique dans ce cas de figure. Et ceux qui n’était pas tout à fait gay était : soit des cas sociaux, soit des bi. Et qui dit « bi » dit « deux fois plus de chance d’être cocu ». Et Elizaveta ne voulait pas que la pauvre Ukraine se retrouve cocu. Parce que ça serait triste et parce que son psychopathe de frère risquerait bien de tuer le malheureux. Ou pire.

-Alors ? Tu en vois un qui te plaît ?

Contrairement à d’autre, Hongrie ne renonçait pas à ses idées et autres plans foireux même quand ils devenaient ennuyeux. Question d’honneur, vous comprenez. Elle serait prête à retourner l’île pour trouver LA perle rare, le mec-gentil-mais-pas-trop-quand-même avec suffisamment de force (et/ou d’intelligence) pour ne pas succomber à l’esprit de famille slave. Comment ? Vous avez dit impossible ?

Il faisait chaud. C'est tout ce qui lui venait à l'esprit en un pareil instant, tout ce qu'elle était capable de penser. Il faisait chaud, et la hongroise semblait occupée. Un peu ... Disons, ailleurs. Elle fixait les gens qui passaient, avec cette lueur dans les yeux qui étonnait l'ukrainienne. Non, pas de lueur meurtrière. Elle les connaissait trop, ces pulsions qui commençaient par les pupilles. Là, c'était inconnu. Elle ne la reconnaissait pas. Et dans un sens ... Ça l’inquiétait.
Elle allait lui demander pourquoi elle fixait ainsi les jeunes hommes - après quelques temps d'observation, elle avait vite fait de repérer ce détail, la hongroise n'observait que les mâles d'un jeune âge -. Elle allait. Mais Hongrie la devança. Elle était bien souriante, la hongroise. Elle avait une idée derrière la tête. Le genre qu'on ne peut pas retirer des esprits.

-Alors ? Tu en vois un qui te plaît ?

Ah... C'était donc ça ... Oh, quelle idiote, elle aurait dû s'en douter... Tant pis. La voilà donc avec Hongrie, persuadée qu'il lui fallait un petit-ami dans les 24h qui suivent, dans une rue commerçante où des tonnes de demoiselles en mini-short passaient, où des paquets de jeunes hommes aux chemises ouvertes s'arrêtaient pour accoster les dites demoiselles en mini-short et ... Et ... Cette ambiance. Elle se sentait un peu décalée. Oppressée.
Elle lui offrit un sourire pour cacher son malaise.

- Oh, et bien... Non, pas tout à fait ...

Elle indiqua un groupe de jeunes hommes qui, dans un coin, semblaient papoter de ce qu'ils pourraient faire ce week-end. Et, indiquant l'un après l'autre, dit à la hongroise :

- Lui, il semble du genre 'Je t'aime bien, mais mon ordi' me parait plus fidèle que toi'. À côté, c'est plutôt 'L'unique preuve de ma virilité est planquée dans mon pantalon, cherche bien !' ...

Elle émit un petit rire. Elle n'était pas bien habituée à ce genre de petits jeux, mais ... Pourquoi pas ? Cela la gênait de dire ce genre de choses, si fort, et à quelqu'un. Mais ... Elle avait confiance ? Ou elle savait qu'elle ne les reverrait jamais ?
Et après tout ... La récompense de sortie... Elle est tentante, non ... ?

Bien entendu, qu'elle n'avait pas l’habitude de tout ça. Ça allait deux minutes, puis, il y avait la monnaie de la mauvaise pièce. C'était lourd, agrippant et ça squattait ses tripes. Ça lui faisait tourner la tête aussi, à lui en faire monter les larmes aux yeux. Et puis, elle n'arrivait plus à se contrôler, tout allait sans elle, les barrières tombaient... Ooh, et c'était le ras-de-marée du trop d'émotion. Mon dieu, pour sûr, le sauveur de l'économie des mouchoirs et chiffons, c'était elle ! En vue du nombre du litres de larmes qu'elle verse à la journée... !
Là, elle se contenait. Si on pouvait dire que "se mordre la lèvre, regarde ailleurs avec inquiétude et sourire frénétiquement" était synonyme de "se contenir". Si jamais c'était le cas (ce dont, malgré toute ma bonne volonté, je doute), alors, elle se contenait. Et fixait Hongrie comme s'il s'agissait de sa dernière chance de survivre avant l'envahissement de la place de jeunes hommes enragés et probablement aux idées fort tordues et.... Bref. Comme s'il s'agissait de son unique chance.

- Visiblement ... Oui.

Aaah ! Un coup dans le cœur. Encore une fois, elle était désolée. Elle se retint de le hurler aux jeunes hommes passant, mais certainement n'auraient-ils rien compris. Imaginez, une grande blonde qui débarque, en larmes, en lâchant un long "je suis désoléééééééééééééée". Juste. Pas moyen.
Elle suivit son amie en souriant, toujours, mais gardant son regard de jeune femme désespérée.

- Mais penses-tu ... Ici, de vrais hommes... Il y a bien longtemps que j'ai laissé tomber...

Ah. Un homme. Un vrai. Vous savez, viril, fort, protecteur, voire impulsif et brutal ... Bon Dieu, un vrai ! Le genre, comme chez elle, l'alcool en moins !

Il fallait croire que, ici, on avait pas tous la même notion de "un homme". Pour Ukraine, un vrai homme, c'est forcément viril. Musclé, poilu s'il le faut, on s'en fiche, tant que c'est là pour prouver que ce corps, c'est bien un homme. Et pas on ne sait trop quoi, une de ces folles qui préfère garder sa virilité pour quelques autres hommes... L'intelligent, cela n'a pas son importance. Tant que c'est fort, tant que ça protège, tant que ça rassure... Tant que c'est impulsif, jaloux, même brutal. Autant de défaut pour certains, perçus comme des qualités par d'autres. Faut croire, elle n'avait pas vraiment pas la même notion de l'homme parfait que les autres demoiselles.
Elle sourit à son amie. Non. Elle avait raison. Elle ne devait pas avoir la même vision de l'homme parfait. Ce qu'elle expliqua rapidement.

- Et bien... Les hommes, les vrais, ils se cachent, je trouve... Avant, ça voulait dominer ... Ça y arrivait ! Maintenant, limite si les femmes n'ont pas plus de force et de ... Virilité si j'ose dire, que leurs homologues masculins ...

Il serait mentir de dire qu'elle n'eut pas penser à Hongrie. La brune avait tout ce qu'un homme devrait aspirer : elle était forte, physiquement et mentalement, avait le culot, le vocabulaire et parfois même, les manières. Bref. De tous les hommes qu'Ukraine avait croisé ici, Hongrie était celle qui se rapprochait le plus de son idéal.

- Mais j'imagine que tu as raison... Pas la même vision...

Elle sourit.

- Et bien... Les hommes, les vrais, ils se cachent, je trouve... Avant, ça voulait dominer ... Ça y arrivait ! Maintenant, limite si les femmes n'ont pas plus de force et de ... Virilité si j'ose dire, que leurs homologues masculins ...

Bon, elle se sentait visé là. Et pour une fois, pas insultée. Les "t'es pas une vraie fille" et autres "et sinon tes cou----- elles sont où ?" lui donnaient une furieuse envie de démolir la tronche de ses interlocuteurs et plus si affinités, ce qui évidemment contribuait à la rendre encore plus agressive aux yeux des autres idiots. Dommage pour eux. Elizaveta se serait peut être parfois senti plus à l'aise si elle avait été un homme mais elle en avait assez de toute cette mentalité : "Les filles doivent être douces, les filles doivent être fragiles, les filles doivent pleurer et étaler leurs sentiments comme de la confiture sur une tartine". NON MERCI. Les clichés lui pourrissaient la vie. Mais au fond elle s'en moquait. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, elle n'avait besoin de personne pour se défendre et elle tenait à sa liberté autant qu'à son indépendance. Na.

- Mais j'imagine que tu as raison... Pas la même vision...

C'était peut être parce que Ukraine collait à sa vision de la fille parfaite (douce, fragile, émotive et blablabla) que leur idéal masculin était différent ? Les contraires s'attirent après tout, non ? Elle par exemple... Enfin, bref ce n'était pas le sujet ! Et elle mourrait d'envie de savoir qui était l'homme qui pourrait séduire Ukraine...

-Alors, c'est quoi ta vision ? Plutôt "viril" ou "efféminé" ?

..Si elle commençait à parler comme tous ces tests stupides dans les magazines, elle était mal barrée !

Quelle vision ? Efféminée ou virile ? Ukraine n'attendit pas une seconde de plus avant détaler ses pensées vis-à-vis de l'homme parfait, l'homme exemple.

- Viril, bien entendu ! Un homme, un vrai, il doit savoir l'affirmer ! Il faut qu'il sache faire preuve de force, et de ...

Elle souriait de plus en plus, les joues roses. C'était comme ... Exposer un fantasme. C'est cela. Parler de l'homme idéal, c'était étaler son fantasme. Au couteau à beurre sur tartine grillée, j'vous prie. Bref. Cela ne semblait pas la gêner, pas dans les faits. Elle regrettait certes chaque seconde ce qu'elle venait de dire, mais pourtant, aucune barrière ne se dressait au moment de tout déclarer. Elle étalait son fantasme, à l'oreille de confiance d'une amie. Pensait-elle.

- Tu vois ... Qu'il ose passer outre les avis. Qu'il est ce courage, cette impulsion et puis... Que cela se sente rien qu'en le regardant. Pas besoin de le voir agir, juste ... Un regard. Le genre d'homme qui rassure par sa simple présence... Vois-tu .. Un homme !

Un homme, un homme... Un vrai quoi ! Elle agita une main en l'air.

- Oh, pardon, je m'emporte... Je suis désolée... J-je n'ai pas l'habitude...

Elle abandonna l'air réjoui, pour celui d'une demoiselle terriblement désolée, prête à fondre en larmes dans vos bras pour vous prouver à quel point elle regrette, l'air de ... son air habituel en somme toute.