Panégyrique de l'auto-défense en milieu neutre

Ce matin-là, Suisse avait attendu dans la salle commune de l'aile germanique que Liechtenstein sorte du dortoir des filles, pour lui fixer un rendez-vous dans une salle de classe, dès qu'elle aurait achevé de se préparer. Et puis, il avait quitté l'aile, et avait gagné la salle, pour se mettre en condition.

Le fait était que ces derniers temps, Liechtenstein se comportait de manière extrêmement imprudente. Elle parlait aux étrangers de façon inconsidérée. Bon, ok, certes il n'y avait dans l'académie QUE des étrangers, puisque c'était quand même un peu le principe. Mais il y a étrangers et étrangers. il y a des étrangers très étrangers, et des étrangers un peu moins étrangers. Liechtenstein ne faisait pas la différence, et puis, elle avait tendance à accorder un peu trop facilement sa confiance. il fallait y remédier avant qu'un problème ne se produise.

Dans une salle de classe, inoccupée pour cause de vacances d'été, Suisse attendait l'arrivée de sa jeune soeur.

Liechtenstein avait été à moitié surprise en voyant son frère l'attendre dans le salon communautaire. Non, car il était dans ses habitudes de surveiller ses faits et gestes, et si elle avait mit trop de temps à sortir, il aurait pu très bien penser qu'elle était malade. Et oui, parce qu'en cette période de vacances, il n'y avait pas un horaire de cours à respecter, donc, pas d'horaire précis à la sortie du dortoir.

Il lui fixa un rendez-vous dans une salle de classe, elle ne fit qu'accepter. Liechtenstein se doutait déjà de ce qui l'attendait. Après tout, elle avait bien désobéit à son frère qui ne l'autorisait pas à aller au salon communautaire. Et lorsqu'elle s'y était trouvée, il ne l'avait pas confinée dans sa chambre, de plus, il lui avait dit qu'il acceptait sous certaines conditions. Et la raison de ce rendez-vous était, pensait-elle, un énième cours d'auto-défense, qui les rappellerait.

Ainsi, elle avait revêtu l'uniforme scolaire féminin de l'académie, car, même si le cours était donné par son Bruder, cela n'en restait pas moins un cours, et des plus important qu'il soit. Arrivant devant la salle, Eva vérifia une nouvelle fois sa tenue, irréprochable comme il se devait, et elle frappa à la porte avant d'entrer.

-Bonjour Bruder- comme elle n'avait eu le temps de le saluer plus tôt. Et elle s'assit rapidement à la chaise du bureau face au tableau noir, attendant dans un sage silence, la leçon de son frère.

L'uniforme ne le surprit pas tellement : on était certes en pleine période de vacances scolaires, mais il connaissait assez Liechtenstein pour deviner qu'elle attestait par cet habillement du sérieux avec lequel elle prenait cette... entrevue. Tout comme le fait qu'elle était arrivée très rapidement.
Elle n'en était d'ailleurs pas à son premier TOPO D'AUTO-DÉFENSE.
Demander à Suisse d'approuver ce sérieux par un sourire ou une félicitation était trop demander. Mais son approbation était tout de même visible, par l'absence de toute lueur réprobatrice dans son regard.

"On va reprendre les bases. Considère l'Académie comme un milieu A HAUT POTENTIEL HOSTILE. C'est à dire exactement comme ÇA !!" lança-t-il en tapant du plat de la main sur la carte de l'Europe accrochée sur le mur de la salle de classe, entre une carte d'Asie et une carte d'Afrique. "Parce que le MEILLEUR exemple qu'on peut suivre, ce sont nos pays ! Nos pays ont compris que la neutralité est le garant suprême de l'indépendance. ET POURQUOI des pays neutres comme les nôtres ont-ils une armée particulièrement performante, optimisée comme aucune autre et équipée à la perfection ?!"

Un bref silence, certainement davantage destiné à laisser résonner les tartines apologiques qu'à laisser le loisir d'intercaler une réponse.

"Parce que la NEUTRALITÉ est ce qu'on a de plus PRÉCIEUX ! Et ce qu'on possède de précieux, on le PROTÈGE, on le DÉFEND, avec toute l'énergie qu'on peut produire, et s'il faut déployer la rage, alors on la DÉPLOIE !!"

A fond dedans, Suisse.

La petite n'avait rien penser quand au manque d'expression de son Bruder. Elle avait l'habitude. Et, elle savait pertinemment que, tant qu'il ne la reprenait pas sur son comportement ou sa tenue, c'est que tout allait pour le mieux, ou du moins, dans son approbation.

Liechtenstein retint un sursaut lorsque son frère frappa de la main, avec sa "douceur" caractéristique, la carte au mur mais, elle ne pu empêcher un léger tremblement. La jeune fille écoutait son frère avec attention. Attention tout à fait légitime dans ce cours de la plus haute importance. Les mains posées à plat sur la table, le corps droit, bien que, comme énoncé plutôt, légèrement tremblant, elle fixait son frère avec tout le sérieux donc elle était capable. D'ailleurs, pour affirmer d'autant plus son sérieux, elle fronça les sourcils. Certes, un chaton malade abandonné une nuit de pluie dans un carton aurait eu l'air plus farouche, mais l'intention y était. C'est ce qui compte... Non?

Elle écouta le speech qui était, ô combien familier, mais dont son frère ne semblait se lasser. Il faut dire que c'était ce qui se trouvait le plus marquant dans sa nature: son instinct de protection. Qui laissait aussi deviner dans quel environnement il avait été élevé, ainsi que la petite Liechtenstein.

Elle ne coupa pas une seule fois son Bruder. Eva attendit avec patiente et attention qu'il finisse, un moment, pour pouvoir dire un : -Oui Bruder! - Non pas pour interrompre son discours. Ces mots auraient plutôt fait remplacement au "Lieutenant! Oui Lieutenant!" d'un soldat à son supérieur.

Ouais, bon. Question faciès, la capacité dissuasive de Liechtenstein se situe à quelque part entre zéro et l'infini négatif. Mais pour Suisse, ce n'était pas une fatalité, il suffisait juste de booster un peu le caractère. C'était ce qu'il se disait, en posant sur la petite Liech un regard où on put presque déceler la courte seconde de désappointement qui lui vint en se rendant compte une fois encore, que Li-Li avait une gigantesque cible sur le front. Mais bon, après tout, il était là, pour encore quelques années... Et puis... A vrai dire... Il n'en aurait d'ailleurs que difficilement pris son parti, si, en grandissant, la petite Eva s'était changée en une gigantesque hommasse dragonesque. Parce qu'il faut bien le dire, aux yeux de Suisse, Liechtenstein... Liechtenstein était très spéciale... et les grands yeux limpides au coeur du petit visage doux n'étaient pas étrangers à... NON MAIS, HO. On s'éloigne du sujet, là.

Suisse se secoua mentalement, et reprit.

"On va devoir passer encore beaucoup de temps dans cet endroit, parce qu'on a encore beaucoup de choses à y apprendre. Mais n'oublie pas que le plus IMPORTANT de tout... Ce qu'on apprendra JAMAIS ici, c'est ce que nos PAYS nous ont APPRIS..."

Et de scander une déferlante de termes vibrants en tapant à chaque fois du plat de la main sur la table qui le séaparait de la petite Liech...

"MÉFIANCE ! PRUDENCE ! DISCERNEMENT ! Et surtout... DÉFENSE ! ... ON SE DÉFEND ! MISE EN SITUATION !!"

Il fit signe à la jeune fille de se lever.

Liechtenstein continuait d'écouter. Elle hochait de temps en temps la tête en un signe affirmatif. Lorsque son frère tapa régulièrement du plat de la main sur la table, elle aurait pu jurer voir les vis du meubles se retirer à chaque choc. Et lorsqu'il annonça "mise en situation" la petite se leva, dans un geste qui tenait plus du sursaut que de la précipitation, manquant de faire tomber la chaise sur laquelle elle était assise précédemment.

Et c'est à la vitesse du petit écureuil qui fuit le danger que la petite blondinette se plaça face à son frère et retint ses tremblements. Elle prit une grande inspiration pour se tenir droite, tête levée, comme un soldat devant subir la vérification de son colonel. Elle essayait tant bien que mal de garder un air sérieux et dur... enfin "dur" ...à la Liechtenstein, bien qu'elle tremblait d'avance de décevoir son Bruder lors de la "mise en situation". Non, non! Elle ne devait pas le décevoir. Tout n'est qu'une question de motivation!!! Elle pouvait le faire, parfaitement!
...non?

Deuxième grande inspiration, fixant son frère. Son Bruder avait prit de son temps pour lui donner un énième cours d'auto-défense, c'était une chose particulièrement gênante, même si elle savait que au fond, ça ne dérangeait pas complètement Suisse de rappeler les règles de défense de son pays.

Alors, patiemment, sagement, elle attendit les futures directives de son frère.

Suisse attendait que la petite Lili se lève, sans s'attarder le moins du monde sur le sort de la able qu'il venait de tabasser. Une fois la jeune fille debout, il l'amena à se déplacer de manière tout à fait vashienne, c'est à dire en placant sa main à plat dans le dos frêle, mais sans apposer aucun contact, ne serait-ce qu'un effleurement accidentel d'impulsion pour accompagner la prise de direction.

Lorsque Suisse doit poser la main sur le bras ou l'épaule de Liech, ça demande une préparation intensive d'une demi-heure, sans compter la demi-journée nécessaire à la récupération émotionnelle après-coup. Alors voilà quoi, on va pas gaspiller notre temps précieux.

Il la fit donc avancer vers l'avant de la salle, là où il n'y avait ni chaise ni table pour gêner les mouvements.

"Mets toi bien là !"

Fronçant les sourcils sous l'effet de la concentration, il se plaça en face d'elle.

"Bon, Liechtenstein. Je vais t'agresser, et tu vas devoir te défendre, comme si j'étais un ÉTRANGER A HAUT POTENTIEL DANGEREUX. Tu es prête ?!"

Liechtenstein se plaça à l'endroit indiqué par son frère, docilement. Et là... agresser? Minute papillon! IL allait l'agresser et ELLE allait devoir se défendre??? Non non non! Elle n'était pas du tout prête!

-Oui Bruder!- S'entendit-elle répondre.

Que lui restait-il a faire? Une prière sans doute pour ne pas tomber dans les pommes avant même que son frère débute son "agression". Une Liechtenstein évanouie dans la classe, ça ferait vraiment désordre. Et COMMENT devrait-elle se défendre exactement???

La panique commença à la gagner, celle-ci se traduisant par quelques tremblements de son corps.

Et qu'entendait-il par "haut potentiel dangereux" ???? Il avait réussi à faire rentrer une arme dans l'académie?? Ou alors une bonne copie?? Elle devrait le désarmer? L'attaquer en retour???? Puis une question idiote lui traversa l'esprit :

...et si elle lui faisait mal???

Et l'on entendrait presque les rires des séries américaines des années 80 à cette pensée. Car il était mais IMPOSSIBLE que la petite Liechtenstein puisse faire du mal à qui que se soit, et encore moins à son frère. Il était loin d'être en sucre en plus!

Par contre de son côté...?

Elle savait que son Bruder ne lui ferait jamais au grand JAMAIS du mal. Mais, elle le savait aussi particulièrement brusque. Son "agression" , si elle n'arrivait pas à l'arrêter, allait-elle lui faire mal?

Non non! Elle ne devait pas penser ainsi! Elle allait l'arrêter bien sûr! Et son frère serait fier d'elle!!!!

...ou alors elle s'évanouirait suite à un trop plein d'émotion.
à voir?

Liechtenstein n'avait pas l'air rassurée. Pour tout dire, Suisse était lui-même légèrement anxieux. La 'mise en situation', c'était quelque chose de nouveau, parce que jusque là, cela n'avait pas été nécessaire.
Lorsque Li-Li affirma être prête d'un volontaire "oui !" il acquiesca, le visage neutre, et inspira à fond, discrètement. Surtout, ne pas montrer à quel point il était peu à l'aise.....

Bien sur que non, il n'allait pas faire de mal à la petite. Il en était bien incapable, d'ailleurs. Mais il fallait néamoins simuler une agression. La prudence était le maître-mot, bien sur, mais ON NE SAIT JAMAIS... Tout pouvait se produire... Surtout dans cette académie bourrée d'étrangers aux réactions louches. Surtout s'il n'est pas là. Surtout quand il ne serait plus là. Liech devrait passer encore quatre ans dans cet établissement alors que lui aurait achevé la formation.

D'une impulsion, il marcha donc droit sur Liechtenstein, se saisit de son poignet droit, et posa dans un mouvement fluide son autre main sur la petite épaule frêle, pour la repousser contre le mur, la bloquant contre la paroi.
Il est vrai que la situation pouvait sembler louche si quelqu'un entrait à ce moment, mais à priori, en pleine période de vacances, personne n'allait venir traîner dans ces salles.

Il maintenait Li-Li contre le mur, plaquant son poignet droit et son épaule, et essayant désespérément de ne pas prendre une teinte trop rouge.

Bien alors, analysons la situation:

Liechtenstein. Bloquée. Mur. Suisse. Proximité optimale.

Sujet d'étude: Combien de temps avant implosion rougissante Liechtensteinoise?

Tout d'abord, il y avait la proximité. Liechtenstein, d'éducation, avait l'habitude du "périmètre de sécurité minimum" bien qu'elle ne le respecte pas forcément. En tout cas, elle évitait au plus possible les contacts physiques, surtout lorsqu'il s'agissait d'étrangers.
Mais, SURTOUT, c'était là son bruder. Horriblement proche. D'ailleurs, qu'aurait-pensé une personne qui serait entrée? Et qu'auraient-ils pu répondre "non non c'est un cours d'auto-défense, vous en faites pas" et avec les esprits tordus présents à l'Académie, ils l'auraient difficilement avalé.
De plus, elle était bloquée. Certes, pas complètement, mais il y avait là assez de restrictions de mouvements pour la mettre laaaaargement mal à l'aise.

Trois causes.
Un effet.
En plusieurs étapes attention!

Tout d'abord, crispation de tous les membres.
Ensuite, rougissement inopiné. Nous aurons compté quatre secondes depuis le début de l'agression simulée.
Et enfin... le réflexe. Que nous pourrons appeler "Panique Générale Achtung tous aux Abris".

Liechtenstein tenta de bouger un peu ses bras. De sa main libre, elle voulu la poser sur celle de Suisse pour lui faire lâcher sa deuxième main. Mais, dès qu'il y eut contact, elle retira sa main, comme brûlée. Alors elle tenta de la poser sur le torse de son Bruder pour le faire reculer. Mauvaise idée. La gêne fut telle qu'elle se figea de nouveau, les joues écrevisses, ne sachant que faire pour se défendre.
Alors, elle baissa la tête, et, annonça d'une petite voix tremblante:

-...je... suis désolée Bruder...-

... Eh ben, c'est pas gagné. Non, on ne parle pas de l'incroyable capacité de ces deux empaillés à assumer la moindre proximité. Plutôt concernant celle - tout aussi incroyable - de LiLi à repousser un agresseur.
Ceci dit... Suisse était particulièrement peu crédible dans ce rôle. Oh, oui en effet, il maintenant fermement Liechtenstein contre le mur, mais.... Mais il était véritablement TRES rouge, et ses mains étaient atteinte d'une légère mais perceptible et très ennuyeuse temblotte. Un genre de spasme lorsque la main de Liech toucha la sienne brièvement. Un autre plus marqué lorsque ladite main se posa sur son torse.

....
En réalité, il faut dire ce qui est : Suisse était bien plus à l'agonie que sa charmante soeur. Aussi fut il... réellement... intérieurement... Extrêmement soulagé lorsqu'elle déposa les armes. Et s'apprêta à la relâcher.
Oui, bien sur, c'était un échec. Et malgré son gros malaise quant à la situation, Suisse aurait pu poursuivre, pousser plus loin cette simulation d'agression. Sauf que... Non. Liechtenstein était, cela se voyait, encore plus mal à l'aise que lui, et de loin. Il ne pouvait décemment pas maintenir sa petite soeur si précieuse et surprotégée dans un état pareil, et encore moins aggraver les choses. Pire, et s'il l'effrayait ? Non, impensable. Alors il coupa court à la démonstration. Stop, rideau, on en eparlera plus tard, on va s'en tenir à la théorie. Parce que la pratique, elle fout l'élève aussi mal que l'instructeur. Cette proximité lui faisait même trembler les jambes... D'ailleurs, il ne se sentait plus trop stable. Elle était si proche. Le parfum de ses cheveux, l'avait-il déjà senti d'aussi près ?...
Alors même qu'il se faisait violence pour se redresser et la relâcher, sa jambe d'appui trembla si bien qu'elle se déroba.
Conséquence ?
Désequilibre vers l'avant, ce fut un plaquage contre la petite Liechtenstein, à l'impact très heureusement atténué par l'appui de sa main, celle qui tenait encore le poignet frêle...

........................

... Ces grands yeux limpides, les avait-il déjà vus d'aussi près ?
..... Ses lèvres avaient elles déjà été aussi proches de la petite bouche liechtenstenoise ?
Mais surtout, la question était :
... Le cerveau suisse avait-il déjà connu un bug plus violent que celui-là ?

Vash.
Bouge.
Hého ?
Youhouuuuu...?
Bon.
Hum.

Lorsqu'elle sentit son frère bouger, Liechtenstein releva la tête.

Si on lui avait dit qu'elle aurait été encore plus proche de Suisse, elle ne l'aurait jamais cru. Et c'est ce qui se produit pourtant. Son frère tomba contre elle, et, sentant la pression sur son poignet, elle ferma un oeil, cela lui était légèrement douloureux pour un poignet si maigre. Elle plongea son regard vert dans celui au dessus d'elle.

Semblable.
Mais différent.

La surprise la figea quelques secondes. Avant que la panique ne la possède progressivement. Et, avec la panique, s'ajouta autre chose. Son coeur, soudainement, se mit à battre fort, si fort. Inconscience? Réflexe? Adrénaline? Sans doute ne se rendit-elle pas compte de ce qu'elle fit, et Liechtenstein rompu la distance entre Suisse et elle, posant ses lèvres celles de son aîné.

Combien de secondes?
Une?
Deux?
Trois?
Ou plus?

Le temps pour elle de réaliser ce qui se passait présentement et de rompre le baiser, en proie à la panique, les joues écarlates.

- J-j-je suis désolée Bruder!! Je...je !.... Pardon!-

Elle ne savait plus où poser son regard. Elle le détournait, avant de le ramener dans les yeux de son frère. Puis de se détourner de nouveau. Plusieurs fois. Suisse ne c'était approché que par accident après tout... et elle... et elle...

La honte la submergea.

Liechtenstein ferma les yeux, attendant que son frère la réprimande. Ou alors ne s'en aille.
Elle ne voyait pas comment il aurait pu réagir autrement à la suite de ceci après tout.

Très honnêtement.... Si on lui avait dit qu'un jour, soit Liechtenstein l'embrasserait arbitrairement, soit Autriche déboulerait en salle communautaire uniquement vêtu d'un string à paillettes et d'une plume dans chaque oreille en faisant un ptit moonwalk, il aurait sans hésitation redouté le string à paillettes autrichien.
C'est dire à quel point cette réaction Lilitienne était..... la dernière chose au onde à laquelle il s'attendait.
C'est dire à quel point cette réaction Lilitienne court-circuita ce qui lui restait de neurones en activité.
Et c'est dire à quel point ses yeux s'écarquillèrent, s'habillant d'une stupéfaction à toute épreuve qui se fichait royalement de la neutralité requise par le regard habituel de Suisse.

.... Combien de secondes ? Euh... Ce n'est pas lui qui pourrait répondre. Il n'aurait pas été étonné d'apprendre que son sang avait cessé de circuler, et son coeur arrêté de battre. D'ailleurs, n'avait-il pas manqué un ou deux battements, ce saligaud ?

Mais il ne reprit - partiellement - conscience de la réalité que bien après que la petite bouche aie quitté la sienne, lorsque les malheureux mots paniqués se frayèrent un chemin jusqu'à son cerveau. Ceci dit... Il ne les entendait pas réellement, se contentant de les enregistrer mécaniquement. Ce qui était... C'étaient... Ses yeux. Ses immenses yeux verts qui lui refilaient une décharge électrique à chaque fois que leur regard rencontraient le sien.
Il ne perçevait même pas la panique qui les parait en cet instant.
Juste.... Lorsqu'ils se fermèrent... Il lâcha le poignet de la petite Liech, posa ses doigts sous le menton fin pour lui faire relever le visage, et, à son tour, vint presser ses lèvres sur les siennes avec une délicatesse si rare chez lui que la délicatesse elle-même est complètement trauma de se retrouver dans ce post.

Et lorsque finalement il cessa le contact, et se redressa... Oh, ce serait mentir de dire qu'il était à l'aise. Loin de là, même. Il avait le teint assez rouge, et surtout, ce fut à mi-voix (à mi-voix, SUISSE) qu'il demanda.

"Et... Est ce que je dois te présenter des excuses.... Dis ?"

Quand Suisse lui lâcha le poignet, la petite était quasiment certaine qu'il allait s'éloigner et partir, peut être même en envoyant des ondes de Suisse-pas-content. Pourtant, à part ceci, il ne bougea pas. Elle sentit même le contact de ses doigts sous son menton, ce qui lui fit rouvrir les yeux alors que son frère lui faisait relever la tête.

A son tour d'afficher de grands yeux ouvert de surprise.

POURQUOI, son Bruder l'embrassait-il ??? parce que oui, Liechtenstein possède la lente faculté de réflexion Suisse. C'est dans les gènes on vous le dit.

Donc NON, elle ne comprenait pas. Et ses pensées, à cet instant, devaient relever plus du "a-e-qu-hein?-ma-je" qu'autre chose. Quand les neurones se mettent à beuguer, ce n'est pas très joli à voir.
Puis, lorsque son frère la lâcha et lui parla, elle se contenta de le regarder avec un sacré air de poisson rouge.
Ouai hein, faut du temps pour réparer les neurones endommagés par le choc.

Lorsqu'ENFIN elle fut capable de penser d'une manière plus ou moins correcte ET que ses facultés vocales furent, elles aussi, plus ou moins rétablies, Liechtenstein ouvra enfin la bouche pour dire :

-...j... non... -

Que dire d'autre face à une telle question? De toute manière, elle n'aurait jamais pu en vouloir à son Bruder, quoiqu'il fasse.
Et là, silence.
Liechtenstein ne savait plus quoi faire après ça.
Habituellement en cas de doute, elle faisait appel à son Bruder. Mais ici, elle ne se voyait pas demander à Suisse vu la situation dans laquelle ils étaient.

Alors elle se contenta de le regarder avec ses grands yeux, joues rouges.
Allez Bruder, fait bouger la situation.

Bruder, c'est pas dit qu'il arrive à la faire bouger des masses, la situation. Parce que si LiLi était donc dans un état neuronalement légumesque, à dire vrai, le Vash était pas forcément beaucoup plus performant.
Il était rouge. Mais rouge drapeau, quoi. Et son regard habituellement fermé au possible, et d'une neutralité gelée était euhm... disons.... plus destabilisé tu meurs. La seule chose qui le sauvait d'un point de vue assurance-plus-ou-moins-opé, c'était qu'il n'en avait pas conscience.

Parce qu'il fait bien le dire : lui non plus ne savait pas quoi faire ni quoi dire. Surtout face à un tel regard liechtenstanois (?) tout perdu. Oh, après tout ce temps noyé de non-dit, il y aurait pourtant eu beaucoup de choses à dire, mais que voulez-vous, c'est Suisse.. On ne se refait pas....

Du coup, la seule chose qu'il exprima fut... une question. Mais attention, pas la question à la Vash avec quinze points d'exclamation derrière, no.

- Mh... Dis-moi.... Pourquoi est ce que tu as... fait ça ?” Et, connaissant Liech, il valait mieux ajouter tout de suite derrière : “C'est pas un reproche. Juste une question.”

Doucement, même si bien sur, le ton était toujours plus ou moins... neutre, ouiiiii bravo, vous repartez avec un voyage pour deux personnes en direction du post suivant.

Tout aussi rouge l'un que l'autre. On aurait pu croire a des jeunes adolescents timides à leur premier rendez-vous (chut!). Bon, et certes, la question ne faisait (peut-être) pas évoluer grand chose, mais c'était déjà bien. Même si elle bloqua Liechtenstein pendant quelques longues secondes.
Que pouvait-elle dire face à cela? Elle allait se complaire en excuses, plus par habitude qu'autre chose, si Suisse n'avait pas si aimablement précisé que sa question n'était pas un reproche.
Alors, que pouvait-elle vraiment répondre?
Ce n'était pas un secret pour elle-même qu'elle était amoureuse de son cher Bruder. Donc cette réponse semblait la plus évidente. Pourquoi aurait-elle fait ça sinon? Mais, si elle disait cela, comment le prendrait Suisse?

Mal. Il est son frère. Il lui dira que c'est malsain.

Enfin, elle le pensait jusqu'à ce que lui revienne...

Mais, il l'avait embrassée, lui aussi.
Et ça changeait la donne.
Pouvait-elle se permettre une seconde à la potentielle éventualité d'une quelconque réciprocité de ses sentiments?
Pour une fois, peut-être que oui.
Liechtenstein se mordilla la lèvre inférieure, fixant un moment le sol. Elle dû prendre de grandes et longues inspiration. Quatre, pour être précise. Pour être sûre qu'elle ne se mette pas à bégayer et à se mélanger dans ses mots. La petite profita alors de cet instant...d'adrénaline? Si ce n'était cela, de courage? Pour relever les yeux vers son frère, et plongeant son regard dans les sien, ses joues encore teintés de rouge et son petit coeur battant, lui annonçant:

-Parce que je t'aime, Bruder.-

Difficile de dire ce que pensait Suisse au cours de cette attente limite interminable - parfois, l'équivalent de quatre grandes inspirations peut paraître bien long.
En fait... Il ne pensait à rien de précis. Il était juste dans l'attente, d'autant plus que la question était réelle et sincère. Suisse est souvent aveugle, mes enfants, et il n'avait jamais noté quoique ce fut qui lui aurait permis de penser que Liectenstein puisse nourrir envers lui des sentiments pareils.
Oh, il savait bien que la petite Li-Li lui était très attachée, il savait bien qu'elle l'aimait beaucoup, mais dans un tout autre registre, disons... amico-fraternel. Le genre d'affection qui ne génère pas de pulsion de baiser. Encore moins chez eux.

Alors lorsque finalement le verdict tomba... EVIDEMMENT que Suisse alla chercher la petite bête. Bon, arrêtez de vous rouler dans la poussière de désespoir (surtout toi, N.) et analysez moi cette jolie déclaration. Les premiers mots saisirent le suisse comme la vision soudaine d'un lot promotionnel cinq-pour-le-prix-de-trois.
Le dernier...
Mh.
Avec ce baiser, peut-être pouvait-il penser que Liechtenstein éprouvait pour lui un sentiment d'amour autre que fraternel. Mais cette déclaration qui s'achevait par une appellation on ne peut plus familiale était... sujette à introduire le doute.... sur la nature de l'amour de la petite.... Parce que Suisse est un être incroyablement prudent, et capable de déployer une capacité de doute au delà de l'humainement possible.
Mais, et ce baiser ?

Si seulement Suisse était quelqu'un capable d'exprimer ses ressentis, on perdrait moins de temps et de patience, mais... Ce n'était pas le cas. Peut-être aurons nous droit à un accès d'OOC miracle ? .... Son visage n'avait pas varié d'expression, même pas un iota, alors tout est encore possible... Il ouvre la bouche, attentioooon, roulement de tambour... Vas y Vaaaaaash, et pour te récompenser de ta coopération, on te fera trouver une pièce par terre, d'accord ??


"......."


Bon ok, deux pièces.


"....... Je ne t'aime pas comme une soeur."


... Bon, c'est un peu sec, mais si Li-Li est plus dégourdie que toi et qu'elle saisit le message, t'auras tes deux pièces, va. C'était un bel effort.

"....... Je ne t'aime pas comme une soeur."

A ces mots, Liechtenstein ouvrit de grands yeux. Il ne ...l'aimait pas?
Non non, il avait dit "comme une soeur". Autre chose alors?

Impossible.

Peut-être pas, il l'avait embrassée aussi après tout.

Pourquoi précisait-il de cette manière alors?

Était-ce une façon de lui faire comprendre...
...qu'elle s'était mal exprimée?
Il demandait ... confirmation?

Liechtenstein se demanda s'il fallait qu'elle soit plus explicite. C'était une chose difficile pourtant, elle taisait à l'ordinaire, tentant de se faire comprendre par petits gestes.
Oui mais son frère avait parfois besoin de données claires et précises pour comprendre les situations.
Eva ferma les yeux, réfléchissant à la manière de bien dire cela. Allez, encore un effort! Tu ne vas pas te remettre à bafouiller des choses incompréhensibles maintenant Eva! Elle posa ses mains au niveau de sa poitrine inexistante, comme si, par ce simple mouvement, elle pouvait réguler les battements rapides de son coeur qui semblaient si forts qu'ils lui faisaient mal.
Elle respira du plus lentement qu'elle pouvait, de nouveau. Il était temps de se calmer! Malgré les rougeurs sur les joues qui revenaient rien qu'à l'idée de ce qu'elle allait dire.
Ainsi, pour la énième fois, elle releva les yeux vers son frère.

-...-

Un silence.
Puis enfin.

-...Je... suis amoureuse... de toi... Vash.-

Et les rougeurs atteignirent alors leur paroxysme. Appeler son frère par son prénom était bien une chose qu'elle, jusqu'à présent, ne s'était jamais permise. Trop familier. Trop... intime. Et s'exprimer ainsi de manière aussi ouverte frisait, à son sens, l'indécence. Elle continuait de fixer Suisse, espérant que cette fois-ci, il comprendrait... avant qu'elle ne défaille.

Eh oui. Suisse avait besoin que les informations transmises soient nettes, directes et précises comme un tir de sniper. Et Liechtenstein avait, cette fois, formulé sa pensée de la manière requise.
... et par là même confirmer à Suisse que sa petite soeur avait pour lui un attachement qui n'avait vraiment rien de fraternel.

Il la considéra un petit moment, le regard exempt de toute forme d'expression... se contentant, en apparence, d'observer le petit visage rouge. Intérieurement, eh bien... son ressenti était étrange. etrange, oui...
Elle était... amoureuse de lui ? Oh, il se doutait bien de l'étendue de l'implication d'un fait pareil. Il le savait même très bien, puisqu'il ressentait, soyons honnêtes, la même chose... Oui, il fallait bien l'avouer, une bonne partie de ce sentiment d'horreur ressenti à chaque fois qu'il voyait quelqu'un approcher Liech de trop près était certainement dû à... autre chose qu'à cet instinct de (sur)protection. Dû... eh bien, à cela, en fait. A l'amour qu'il avait pour elle, et qui n'était pas un amour fraternel....

C'était bien sur trop demander à Suisse que d'exprimer ses pensées. Encore moins oralement qu'en laissant quelque chyose paraître sur son visage... Manque d'habitude, et puis, c'était effrayant, quelque part. Alors, il se contenta de prendre les petites mains dans les siennes - hamondieuuncontact... quoique, on en est plus là, hein *shot* - et de répondre, à voix basse.

"Je te garderai toujours près de moi."

Une hésitation... Une longue hésitation, et puis, encore une fois, il pencha son visage pour venir appuyer légèrement ses lèvres sur celles de la ptite chose rougissante, juste pour qu'elle comprenne ce qu'il n'était pas en mesure de dire, mais qui, malgré tout, était d'une importance capitale...

Oh mon dieu.

Oh mon dieu!

OH MON DIEU!

Tout ça pour dire que, dans la petite tête, ça ne réussissait toujours pas réaliser. En fait, lorsque le baiser se brisa, il emporta avec lui tout le courage/l'adrénaline/ou autre chose approchant qui avait mené la petite Eva a dire ce qu'elle ressentait. Et puis, comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop. C'est pour cela qu'elle regarda son Bruder avec de grands yeux, toujours aussi rouge et...

-...j..f..m..gu....me...je....ah...ma....g...je...-

Votre correspondant est indisponible pour le moment, veuillez laisser un message après le "bêêêh" sonore.

Bon allez Eva! Tu as tenu jusqu'à maintenant, tu peux tout de même ne pas t'évanouir! Allez à quoi penses-tu?

... Oui, Bruder a les yeux vert, comme toi. Il en a même deux.

Et bien, heureusement qu'il se trouvait le mur dans le dos de Liechtenstein, sans lui, aucun doute qu'elle se serait effondrée sans plus de cérémonie.
La petite Li-li n'arrivait plus à penser correctement. Rien qu'à entendre le "langage" dans lequel elle s'exprimait, ce n'était bien entendu, pas difficile à deviner.

-... je ... je... -

Je suis heureuse? Je suis TRÈS heureuse? Je-quelque-chose-mais-parle-non-de-diou?

-... Danke schön.- Fut tout ce qu'elle réussit à formuler de manière correcte avant de...

Liechtenstein? Youhou? Pourquoi ta tête retombe comme ça en avant? Eh oh?
Ouvres les yeux?

Il faut croire que tomber dans les pommes -telle une demoiselle du dix-huit ème siècle- était la seule réaction physiologique envisageable. Trop d'émotion, faut la comprendre après tout.
Comme quoi, on se refait pas.

Vu l'état de confusion dans laquelle Suisse se trouvait intérieurement, il pouvait se douter, oui, que les choses n'étaient pas plus paisibles pour la petite Li-Li. Mais tout entier en proie à une légère panique dûe à la destabilisation, faites excuses, on peut être neutre ET paniqué, il avait quelque peu sous-estimé la situation.

... Tout d'abord, ce fut un très grand moment de kôatitude devant l'étrange idiome de la petite blondinette. C'est quoi cette façon de parler on dirait un nordique bourré ?
Les je-je et le remerciement (?!) furent plus aisés à saisir, et même complètement liechtensteinois, et le pauvre Suisse amorça plus ou moins un de ses centièmes-d'ombre-de-vague-sourire, lorsque.... La Liech sembla euh... Qu'est ce qu'il se pa - oulà !! Il la rattrapa in extremis, juste avant qu'elle ne s'explose durement sur lui, dès que l'information lui fut montée au cerveau.

"Liechtenstein !!! M... Mais !! Qu'est ce que...!!"

Bon alors cette fois, Vash, t'es gentil, tu te mets pas à beugler après Autriche, de toute façon, il est pas là, le malheureux, et puis c'est son jour de congé maternel.
Il n'en restait pas moins que Liechtenstein était ÉVANOUIE, c'est à dire SANS CONNAISSANCE, et que bien sur, c'était très grave. Pas de pinaillage, il la souleva...

"... Tiens bon ! Je t'emmène à l'infirmerie immédiatement !!!"

Comment ça, c'est excessif ? Non mais euh, c'est un gros effort de relativisation, là, hein. Si on l'écoutait, il l'emmènerait aux urgences.
Comme quoi, on se refait pas.