Dans l'aube de 10h du mat'... [Pologne]

Lorsqu'il s'était réveillé, le soleil n'était pas encore levé. C'est à dire trop tôt pour aller emprunter l'aspirateur du concierge et nettoyer l'Aile slave/balte. Aucun de ses condisciples n'appréciait un réveil très matinal à coups de VVvvVVVVVVvvvvV rageurs.

Il était donc resté deux bonnes heures dans son lit, les yeux grands ouverts, à contempler les lattes du lit au dessus. Et à faire la pire des choses : cogiter. Chez le Toris commun, la cogitation est immanquablement suivie de la culpabilisation. Lituanie a toujours un bon prétexte pour s'angoisser et se morigéner.
Enfin là, il avait de quoi. Il avait été dur, avec Pologne. Et il s'en voulait. Feliks était encore tout petit, dans sa tête. Il s'accrochait à des choses dont la plupart des gens se fichaient, et il lançait des paroles sans mesurer leur portée, comme un enfant. Lituanie culpabilisait d'avoir si mal réagi aux grands projets de mariage du petit polonais. Bon après, c'est relatif, hein. Parce que là où le Liet est certain d'avoir dit/fait des choses affreuses-méchantes, on constate plutôt un silence gêné et une tentative de raisonnage.

... Finalement, il s'était levé, et, silencieusement, était allé se préparer et occuper son esprit au rangement de la grande salle de l'aile, plutôt que de se torturer. Et comme la matinée avancait, une idée lui vint.

Tant qu'on ne le réveillait pas, Pologne dormait sec. Et ce fut donc après que tout le monde soit sorti que Toris retourna dans le dortoir, se hissa jusqu'au lit polonais, et tâcha de le tirer de son sommeil, à grand renfort de tapotage sur le bras et de chuchotements.
Ne soyons pas brusques : après tout, il n'est que dix heures et demie.

Pologne dormait comme un enfant qui n'aurait pas trouvé le sommeil depuis plusieurs nuits. Bien et profondément même. Et comme il se devait: il rêvait. Non pas d'horribles cauchemars comme il lui avait prit il y a quelques temps, mais, un rêve tout ce qu'il y avait de plus "cool". Précisément, il s'agissait de rivières de chocolat. Avec des barques de chamallows où l'on ramait avec des Paluszki.

Oui, on se serait presque demandait si le rêve de Pologne ne se trouvait pas dans son estomac, faute de manque d'oxygène au niveau du cerveau. Et, lorsqu'il dormait, ça pouvait durer longtemps. Déjà, outre le fait qu'il s'endormait à la vitesse d'un petit enfant épuisé, lorsqu'il trouvait enfin le sommeil, il était enfin SILENCIEUX. Sauf lorsqu'il parlait en dormant.

En tout cas, lorsqu'il dormait ENFIN cela pouvait durer très longtemps, et oui, Pologne était un amateur de grasses matinées lorsqu'il n'y avait rien d'important de prévu ni une "idée carrément trop totalement cool" qui pointait le bout de son nez dans son esprit.

Et lorsqu'il sentit un tapotement sur le bras, sa première réaction fut un petit grognement. Sorte de -Gnnnm!- avant qu'il décida d'enfin ouvrir les paupières. Feliks se frotta les yeux et s'assit directement. Là ou tout autre personne normalement constituée aurait sentit la tête leur tourner face à ce brusque levé, tout semblait rester à sa place dans le cerveau de Feliks. Le polonais, dès qu'il se focalisa sur la présence Lituanienne, lui sauta au cou, au risque de les faire chuter, dans un joyeux :-Hé salut Liet genre!!!!!-

"Woh !! Attention !!"

Rétablissement in extremis de l'équilibre, après s'étre réceptionné le projectile vivant. D'ailleurs, pour pas changer, la réaction le culpabilisa encore un peu. Parce que oui, bon, tout insupportable qu'il soit, exigeant, tyrannique et possessif, le petit bonhomme lui vouait une réelle affection, il le sentait, et ça le touchait beaucoup ; c'était probablement ce qui lui rendait cette amitié si précieuse. Le petit coeur de Pologne ne savait pas mentir, et semblait hermétique à toute forme de corruption. Lituanie s'en voulait d'avoir opposé des réactions sèches - motivées par des considérations bassement terre-à-terre qui plus est - à des actions innocentes et sans arrière pensées.
Sans compter ce qu'il avait fait.
Pff... Ce qu'il se sentait sale.

En attendant... il reposa le Feliks. D'ailleurs, après coup, heureusement qu il ne s'était pas penché trop près, parce qu'avec cette manie de se redresser tout d'un coup, ambiance Nosferatu en pyjama rose, c'était un coup à entrer en collision cranienne et à finir à l'infirmerie avec le pif en sang. Que nan j'vous jure, c'est pas Russie, c'est juste que j'ai réveillé mon pote.

Un petit sourire, et puis il descendit du lit, et, levant les yeux vers la petite chose rose tout juste réveillée, se risqua.

"Tu as bien dormi ?.... Euh... Dis ? Tu... Est ce que tu veux bien venir en ville avec moi ? Si... si tu n'as rien d'autre de prévu, bien sûr."

Pologne ne comptait que sur l'habitude de Liet a ses réactions brusques pour ne pas chuter. Heureusement, Lituanie avait été bien entraîné et Feliks toucha le sol sans choc brutal aucun. Et hop, un Lituanien et un Polonais deux pieds sur le sol. Pas de dégâts physique à déclarer.
Et c'est un Pologne tout sautillant, tout plein d'énergie qui regardait Toris avec de grands yeux quand celui-ci lui parla. Difficile à croire qu'il y a à peine une minute chrono, il dormait comme un petit bébé.

-Ouai et totalement cool quoi!! -

Feliks eut un sourire en coin, sourire parfait du "je -vais-te-faire-tourner-en-bourrique" et il fit mine de regarder ses ongles en continuant : -Mooooouai genre, j'avais style, totalement prévu de repeindre l'Aile en rose .... mais comme genre tu sembles carrément prendre tes responsabilités au sérieux, bah genre j'accepte !-

Et il tapota l'épaule de Toris avec son petit poing caché dans sa (trop) longue manche de pyjama : -Mais je savais pas que t'étais du genre à donner des rendez-vous style sortie couple booooouh cachottier mon Liet!- Le tout ponctué d'un petit ricanement de quasi-peste.

-T'as de la chance, genre, comme t'es mon Liet, je t'en veux carrément pas!- Avec un immense sourire. Oui, il voulait mettre mal à l'aise le pauvre Lituanie. Et sans doute était-il passé maître dans cet art. A gifler le Pologne, à gifler.

Pauve lui. A peine eut-il le temps d'esquisser un sourire à l'acceptation que déjà il se crispait devant le rictus polonais. Ce genre d'expression signifiait que le pauvre Toris allait connaître imminemment les joies du malaise intensif............. Et ça ne loupa pas.
Ce fut d'abord un éclat pourpre sur les pommettes, et, d'un coup, flousssh, le rouge s'étendit à tout son visage.

"Q-quoi ? M..mais... !! J-je n'ai pas...!! Ce-c'est..."

.... Il déposa les armes. C'est pas comme s'il avait pas l'habitude que Pologne se paie sa tête. Le malheureux martyrisé tâcha d'en prendre son parti, mais la seule chose qui sortit de sa bouche à la fin de la tirade magnanime polonaise fut un "Merci..." quelque peu larmoyant, comme si le mot lui-même se demandait ce qu'il foutait là.

.... Restait à faire une requête quelque peu délicate. Voire, carrément déplacée. Voire même complètement incorrecte. Ouais, bon, faut pas commencer non plus à rouler dans tous les sens à cette mention d'incorrection, hein, c'est Lituanie, quoi. Le mec que quand il pschitte du Baygon sur une mouche, il culpabilise pendant une semaine.

"Euh, Tu... tu v-vas t'habiller, là ? P-parce que... je...voulais te demander..."

Grande inspiration... Il chercha ses mots quelques secondes, et puis, finalement, capitula misérablement, et se contenta d'aller piocher au pif dans les fringues polonaises, dans le compartiment "Comment-Me-Faire-Remarquer", pour en tirer une jupe quelconque, et la lui tendit. Il ne tenait pas spécialement à celle-ci, c'était juste pour éviter de formuler la demande. Non, Toris n'a pas sombré du côté rose de la Force. Oui, y a une raison.

Liet rougit et... Strike. Objectif atteint. Un Lituanie gêné est la joie du Polonais. Et EN PLUS un Lituanie gêné qui arrive pas à parler correctement parce qu'il se met à bégayer. Tout un bonheur! Et le MEILLEUR c'est que le pauvre Liet le remercie à la fin.
Oh oui, doué Pologne, doué. Gentil Liet, l'a gagné un su-sucre.
Au "tu vas t'habiller là?" Feliks failli placer un "non genre, j'adore mais totalement me promener en ville tout nu à la mode genre française" mais il n'eut pas le temps car la suite de l'annonce de Toris l'intrigua. Est un Feliks curieux est un Feliks capable de se taire ET OUI. Mais... Toris ne finit pas sa phrase.

-Demander quoi genre?? -

Et il regarda Liet chercher dans SES affaires. Encore heureux que se soit genre SON Liet, sinon, il y a un bail que Pologne aurait craqué en mode petite-peste-qui-couine-et-qui-crie-défonceur-de-tympans-testé-et-approuvé.

Et même s'il aurait voulu faire une crise, rien que pour le plaisir de faire un caprice, Pologne n'eut pas le temps d'amorcer le moindre gonflement de joues que Toris... lui... tendit... UNE JUPE!

Il avait totalement craqué dans sa tête le Liet?
Enfin, ça, ça serait ce que Feliks se serait dit s'il avait une once de jugeotte. A la place, il pensa que "OUAI COOL" Liet il l'accepte totalement et ça le rendait tout content. C'est ainsi qu'avec un sourire tout plein de dents, Pologne se saisit de la jupe, alla chercher d'autres affaires pour aller avec, et fila se préparer dans la salle de bains de l'Aile.

Lituanie regarda filer la petite forme rose et blonde avec la vague impression que les choses n'allaient pas être si simples que ça.....

Une fois qu'il fut seul dans le dortoir, il s'autorisa un gros soupir bien désespéré, en se disant que de toute façon, tout était de sa faute - pour changer.
Doucement, et peut-être avec un peu de lassitude, il fit machinalement le lit polonais - dévasté - et puis posa sa modeste personne sur le sien, s'asseyant au bord. Et il attendit sagement que le polonais refasse son apparition.

Il s'étonnait un peu de n'avoir reçu aucune objection-joues-gonflées à la requête juppale..... Dieu seul savait ce que Feliks avait pensé. Lui qui croyait être obligé de se justifier... Bah ! Au moins, on ne perdait pas de temps en explications bégayantes.

Il ne parvint pas à rester statique très longtemps, et au bout d'une dizaine de minutes, commença à s'agiter et à tourner dans le dortoir désert, ramassant un livre tombé à terre, lissant discrètement une couverture froissée, rajustant un rideau....
Le tout pour essayer d'occulter cette petite voix qui lui disait que jouer ce jeu-là était une très, très mauvaise idée.

Bon, ok, la jupe qu'avait choisi le Lituanien n'était pas la plus cool. MAIS c'était une jupe. Et bien que Feliks, comme lorsqu'il l'avait avoué lors du jeu de "je n'ai jamais" , n'ai jamais aimé vraiment porté des jupes, là, présentement, il en était content. Ben oui Liet avait dit que c'était genre PAS POSSIBLE parce qu'il était un garçon. Donc Feliks en avait conclu qu'il devrait porter des jupes pour un certain temps. Il faudra lui expliquer un jour, qu'on ne change pas sexe rien qu'en changeant de vêtements.
Alors, là, Pologne avait mit la totale. Avec la jupe claire, un haut rose et féminin, le tout agrémenté d'une micro-couette au chouchou rouge à pois blancs et d'une barrette rouge.
Il revint dans le dortoir, tout souriant tout sautillant et il sauta sur Toris, au sens propre du terme, tornade blonde qu'il était.

-Voilà Liet!!!! Allez on y va genre totalement??? Hein hein hein hein????? - En lui attrapant la manche et, manquant de l'arracher, la tirant pour déplacer le Lituanien jusqu'à la porte.

-Tu veux aller carrément où genre??? Non attend , dis rien, j'ai totalement GRAVE pleins d'idées d'où on pourrait aller!!!! C'est cool! Hé Liet t'as l'air bizarre nan? NIAAH faut carrément qu'on aille manger un truc, genre sucré !! Totalement! - Le tout dans un débit de paroles qui dépassait l'entendement.

Oui, bon, bah on l'excuse, hein, Toris il a pas un doctorat ès-jupes, et même sans aller jusque là, on peut pas vraiment dire qu'il possède un goût à toute épreuve en matière de fringues. Y a qu'à voir les machins ternes qu'il porte généralement, d'ailleurs.

... Terne. C'était pas vraiment le terme adapté pour décrire Pologne, là. Visible à cent cinquante mètres, bondissant et bruyant. Un ressort piailleur rose et blond.
..... A peine croyable comme on croirait une très jeune fille. Maiiiiiiiis Lituanie ne le savait que trop, que c'est pas les fringues qui changent quoique ce soit à une situation immuable par nature. Le pauvre malheureux essayait juste de sauver les apparences, à défaut de pouvoir sauver son âm... Euh... Bref.

Donc. Où en étions nous.
Oui, alors, il se laissa tracter docilement jusqu'à la porte, priant pour que sa manche tienne le coup, noyé dans une avalanche de mots, le d'organisation d'un Feliks désorganisé, essayant finalement avec l'énergie du désespoir de pouvoir en placer une... Il profita sournoisement de la reprise de souffle pour se faire entendre..

"A-attends ! Écoute, on... on ira où tu veux, et o-on ira manger ce que tu veux, mais d'abord, j... je voudrais qu'on aille q-quelque part, d'accord ?"

Un petit sourire, et il tenta - essayons toujours - de faire une sortie-de-l'aile digne et discrète. Même si avec Pologne, il vaudrait mieux réclamer un balai qui se passe tout seul. Ça serait déjà plus probable.

Toris voulait aller faire quelque chose?? Dès qu'il eut finit de (caser entre les blabla incessants et bruyants de Pologne) parler, Feliks le regarda en plissant légèrement les yeux, avant de dire avec un sourire en coin :

-Oooooh Liiiiiiiiet... - d'une voix doucereuse - ...avoues que...- et de continuer en piaillant de nouveau - t'as totalement prévu un endroit genre carrément trop romantique!!!! Genre, y a du rose? Non parce que genre, c'est important tu vois, ça fait style, cool, mais si c'est blanc ça va aussi, même si ça fait genre, moins cliché. -

Avant de kidnapper le pauvre bras du pauvre Lituanie tellement pauvre dans sa tête qu'il devait sans doute demander au ciel ce qu'il avait fait pour être si "pauvre" que ça ...ahem, ne nous éloignons pas du sujet. Et de sortir du dortoir avec, de toute manière, Toris n'avait pas le choix s'il ne voulait pas voir son bras se détacher du reste de son corps. ça aurait fait désordre, et ça aurait sans doute tâché le sol.
C'est ainsi donc qu'ils sortirent hors du dortoir, même si Pologne arrêterait vite de traîner le Liet, mais se mettrait plutôt à suivre sa destination en sautillant. Et bien oui, il ne savait pas où voulait l'emmener Toris après tout.

Pauvre Lituanie, ouais. Vraiment. Parce qu'à peine avait-il récupéré une teinte presque humaine qu'il replongeait dans le rouge. Non, pas rose. Vraiment rouge. Et il tâcha de placer à nouveau une protestation, en se laissant kidnapper le bras, parce que c'est vraiment inutile de chercher à lutter contre les manoeuvres coloniales d'un polonais enthousiaste.

"....N-ne dis pas...ce.... ce genre de choses, s'il te plait !!"

Non, mais sérieusement, est ce que... ce qu'il comptait faire était vraiment une bonne idée...? Lituanie en doutait de plus en plus, là. Mais il était juste hors de question de lui dire que finalement non, on va nulle part. Parce que Toris était sûr qu'il n'aurait même pas le temps de finir sa phrase que celle-ci serait ponctuée par un sublime gonflement de joues... Et après... l'explosion.
Il inspira à fond. Il ne devait pas perdre son assurance, sur ce coup là : il avait pas mal réfléchi... Ca semblait une bonne idée, alors il n'y avait aucune raison pour que ça ne soit pas le cas à terme.

Alors, il quitta le dortoir avec le greffon polonais, en marchant juste assez lentement pour laisser penser à Feliks que c'était lui qui l'embarquait.
Brave petit Liet, va.