Un titre ? Quel titre ?

Il n'a pas eu une vie passionnante. Au contraire. Le petiot, c'est le fils d'un berger et d'une fille de berger. Bref, le métier, c'est dans la famille depuis belle lurette. Au début, il a très bien vécu, c'était le genre de gosse qui courrait dehors en riant, à courir derrière les bêtes. Puis, on l'envoya à l'école à la ville. Et ce fut le changement total. Là-bas, il rencontra nombre de gamins bien élevés, qui parlaient comme il le fallait, apprenaient des choses super intelligente et savaient jouer d'un instrument ou deux. Il a été émerveillé. Et le soir en rentrant chez lui, il retrouve son père qui, en quelques paroles vulgaires, se moquait de sa mère, pour des radis mal coupés. Il retrouve sa mère, à l'air fatigué, qui lui répond qu'il n'y a pas mort d'hommes. Il retrouve sa soeur, qui s'extasie devant les bêtes à l'extérieur, se moquant de l'air propre de son frère. Il retrouve cet univers.

Il avait huit ans quand il avait décidé qu'il ne pouvait pas vivre comme ça. Il avait lâché ça en plein repas, un dimanche soir, tandis que sa mère lui servait la kapustnica. Il avait dit :
« Je ne veux pas devenir berger ! C'est misérable ! Pathétique ! »
Slam, sa mère avait laissé tombé sa cuillère et son père lui avait retourné un coup. Clac, la gifle qu'elle a fait. Il s'était levé et était sorti de table tout aussitôt, en se tenant la joue. Le père, il avait pas tout compris ce que le gosse avait dit. Mais ce qu'il avait compris en revanche, c'est qu'il était insulté et désormais, sans héritier mâle.

Sa mère avait alors décidé que son fils devait partir. Non pas quitter la maison et ne plus revenir, mais apprendre assez pour pouvoir étudier à l'étranger, à Vienne pourquoi pas, et faire un grand métier. Elle avait mis de côté et puis, lui avait payé des cours de piano. C'était cher, ainsi l'enfant s'y rendait-il et travaillait assidument ses leçons. Il n'était pas spécialement bon, mais il y prit rapidement goût. Cependant, un problème demeurait. Il avait bien du mal à jouer aussi vite qu'on le lui demandait.
Onze ans. Il entra dans le petit magasin. Des posters tapissaient les murs, les bacs de Cds emplissaient la pièce. Une voix suraiguë mais entrainante résonnait dans les hauts-parleurs, accrochés aux quatre coins de la pièce. Le gamin avança de quelques pas timides, jetant des coups d'oeil curieux autour de lui. Une dame au style suspect vint vers lui en lui demandant ce qu'il cherchait. Il hésitait, avant de répondre qu'il n'en savait rien. Qu'il cherchait une nouveauté. La dame ria et hurla à son benêt de mari de changer le disque. Et puis d'un coup, merveille. Révélation.
Le jazz.
Il délaissa, après 3 ans, ses leçons de classique, recherchant une personne à accompagner. Il a joué avec un petit nombre de trompettiste ou bassiste. Mais il n'arrivait pas à trouver... L'accord.

12 ans. Les Etats-Unis. Il ne fut jamais aussi heureux. C'était une envolée. Loin de chez lui. Autrement dit, il fuyait ce milieu “moisi” comme il se plaisait à le dire. Il laissait à sa soeur cette chance unique de s'occuper des bêtes de leur père. Une chance. Il la plaignait, malgré le fait que cela semblait la ravir.
Les Etats-Unis. Et le rêve américain. Mais ce n'était pas cela qu'il alla chercher. C'était … C'était … Cette école. On l'appelle pour devenir la Slovaquie ? Dans une prestigieuse école ? Aux Etats-Unis ? Quel fou irait refuser une telle offre !
Ce fou, il faillit l'être. D'un coup, la peur de ne pas être le slovaque qu'il fallait. Ca l'a fait flippé. Il a dépensé pas mal pour se donner des airs. Il fallait passer de berger à bourgeois. De miteux à claquant. De pauvre à riche. Plus ou moins.
Mais on est vite rattrapé par ce que l'on est vraiment, n'est-ce pas ? Son unique hantise …

Mais il s'en fiche. Il l'a, son duo.
Son accord.

Fiche technique_
Taille : 1m 77.
Poids : 67 kilos.
Yeux : verts.
Cheveux : blonds.
Peau : pâle.



Fiche détaillée_
Il n'est pas spécialement grand. Ou disons plus clairement, il l'est pour un garçon de son âge. Cependant, bien que sa taille ne soit pas une source de honte, il trouve irritant de préciser qu'il lui manque bien trois centimètre pour atteindre le mètre quatre-vingt. Et son âge reste pour lui une source d'espoir. Peut-être bien qu'il les aura, ces fameux trois centimètres, en répondant à ceux qui osera le rabaisser qu'il était encore jeune et qu'un jour, il les dépassera. Carrément. La vérité est triste, c'est qu'il y a de fortes chances qu'il ne prenne que deux centimètres et qu'il s'arrête à tout jamais avant le mètre quatre-vingt. Allez, soyons gentil. Deux centimètres et demi. Frustrant, non ? Ce qui l'est davantage est son manque de minceur. Vous savez, quand une personne ne s'élève pas au-dessus des autres, elle peut éventuellement compter sur son sous-poids pour se donner des airs élancés. Malheureusement, ce n'est pas donné à tout le monde, ainsi le slovaque se contentera de ses 65 kilos, oui, j'aime préciser des chiffres qui ne vous serviront à rien. En tout cas, lui, il y fait attention. Seul soucis, c'est qu'il n'a vraiment pas envie de se forcer à en perdre le moindre ou à les détourner en des …. Wait for it. Muscles ? Il me semble que c'est le mot. Non, c'est trop de travail, et puis, sérieusement, devoir faire de l'exercice à 15 ans, c'te coup de vieux. 'Fin. Pensez pas qu'il est tout en graisse hein. Non. Pas du tout. Frappez, ça ne rebondira pas. Frappez et il frappera pas non plus d'ailleurs. De manière générale, il juge que se battre est une perte de temps. Généralement parce qu'il a une force de mouche. Mais quand il faut y aller... Il faut y aller, dit-on, non? Il préfère utiliser le terrain, par là je veux dire qu'il sera le premier à se saisir d'une chaise pour vous l'abattre dessus, plutôt que de vous retourner une droite.
Après ce charmant discours sur sa carrure générale, passons à plus en détail. Sa peau clair par exemple. De part le climat de son pays, il n'est pas bien habitué aux étés cuisants qui vous donne un teint caramel. Non, lui, il fait plutôt dans le blanc poulet plumé, ou lavabo étincelant. Le côté brillant en moins. Le soucis d'un tel teint, c'est le marquage. Il marque énormément. Une gifle lui reste à la joue tout le reste de la sainte journée, comme il peine à trouver un pantalon qui ne laisse pas d'adorables marques sur ses hanches. Mais ne nous arrêtons pas là. Le froid rougit ses joues, jusqu'aux oreilles, quand les rougeurs de honte ou autres se voient à des kilomètres comme un feu de signalisation. Tant mieux pour lui, il ne rougit pas souvent. N'empêche que quand ça arrive, ça ne manque pas.
Restons dans ce qui est le visage. Par exemple, son sourire. Un sourire qui n'apparait pas souvent, juste là pour souligner quelques éclats de fierté ou de joie, et, éventuellement, pour se moquer ouvertement des autres. Cependant, il faut préciser que le slovaque est bloqué sur l'option neutre ou sourire. Rarement autrement. Bien entendu, il y a les degrés, mais on n'entrera pas dans les détails, hein, bien que ce soit un peu trop tard pour s'en soucier. Bref. Ses sourires, ils sont accentués par des yeux brillants. Immenses qui se plissent à chaque sourire. Et d'un vert prenant. Oubliez les couleurs flashys ou je ne sais quoi encore. Ses iris sont plus discrètes qu'on pourrait le croire. De loin, il est difficile de définir sa couleur. Mais de plus près, approchez-vous, vous constaterez qu'ils sont définitivement verts. Enfin. En fait. On s'en fiche bien, non ?
Il est assez expressif, à son grand dam. C'est pour cela que, très rapidement, il a laissé ses cheveux lui retombé devant les yeux. Ca parasite un peu la vision de ses expressions. C'est ainsi qu'il se retrouve avec une frange lourde, devant sa figure, qu'il ne ramène en arrière que rarement. Eventuellement, il lui arrive de la coincer avec des épingles pour ne pas l'avoir dans la figure durant ses.... Soirées de travail. Si, je vous jure, cela lui arrive. Rarement. Mais ça arrive. Non, plus sérieusement. Sa chevelure est blond, on se prête à dire qu'il s'agit d'une couleur de blés. Souvent en bataille, il laisse de longues mèches retombées sans y apporter de soin naturel. Et c'est là que vous êtes sensés crier : FAUX. Non, en fait. Il en prend soin au moment de prendre une douche. Il a les shampoings et après-shampoings qu'il faut, limite composés sur mesure. Il y dépense même sa petite fortune personnelle. C'est dire. Mais le résultat est là. Qui a dit que ce plaisir était réservé aux femmes ?

Côté fringues, ça va tourner court. Premièrement, l'uniforme, tu ne porteras pas. En dehors des cours, il évite, jugeant cela trop impersonnel pour qu'on le porte le reste de la journée, le week-end et durant les vacances. Non, et puis ce bleu ne le met, mais alors, vraiment pas en valeur. C'est délavé, trop classique, élève parfait. L'horreur. Secondement, motif animal et peau, tu éviteras. Mais, ça, c'est très personnel comme raison. Bon, ok, étant un mec, c'est plus dur de sortir en motif léopard tout en faisant que cela nous va. Va falloir être réaliste, ça colle plus à nos consoeurs, les femmes. Troisièmement, le style rebelle, tu abandonneras. Ca se veut anti-conformiste, mais finalement, tout le monde s'habille comme ainsi. Je veux parler par là des sweat-shirt, jeans taille basse, vans et autres. Sauf les chapeaux. Non, un chapeau, c'est classe, toujours. Mais attention, pas n'importe lequel. Borsalino, canotier à la limite … Dans le genre, je suis sûre que vous visualisez. Généralement, toujours visé sur sa tête. Enfin, les trois quarts du temps. C'était même le point quatre. Passons au cinquièmement. Suit up, man ! Bon, bien entendu, ça coute cher, alors, il se contente de faux semblants. Autrement dit, un semblant de luxe. C'est donc en veston, chemise impeccable et souliers cirés qu'il remplit sa garde-robe. Les accessoires ? Assez peu. Montre simple, rien autour du cou en dehors du simple chainette, dont le médaillon est frappé par le symbole slovaque, la double croix et les trois collines.

Le jeune homme a actuellement 15 ans.

Son père (48 ans) —
Blazej ? Un vaurien. Une bouche de trop à nourrir ! Y m'aidait pas, le sale gosse, y me gueulait qu'il voulait pas être comme moi. Tsé, un gosse comme ça, même les mandales dans la gueule, ça les recadrent plus. J'sais pas où j'me suis gouré. J'ai pourtant été un papa qu'il fallait à un marmot. J'apportais l'fric qu'il fallait, et on mangeait bien. J'me suis démené pour ses leçons de pianos. Il les a fait, eh, il y allait avec l'sourire. Pis, j'ai appris qu'on pouvait pas l'envoyer jouer pour de vrai, parce que monsieur jouait du jazz. Monsieur accompagnait, y jouait pas vraiment. Eh. C't'un gosse à déception. On y place les espoirs, pis un jour, plus rien. Il fiche tout en l'air. C't'un sale môme. Méfiez-vous.

Sa mère (41 ans) —
Oh, le marmot ? Plein de vie, ça, c'est sûr. Il avait toujours un truc à faire et jamais ses devoirs. On s'est d'mandé s'il les faisait vraiment, eh ! Il ramenait jamais rien. Vous savez, les note,s tout ça… 'Les gardait pour lui. J'croyais qu'elles étaient mauvaises, beh non. Un jour, j'ai fouillé, l'avait la moyenne, le gosse. Mais je crois qu'il a surtout peur. Y veut pas finir berger, et ces notes moyennes, là, ça massacre ses envies de voler ailleurs. Y aime pas trop comment son père a fini. Roh,moi, qu'mon fils soit pas berger, j'm'en fiche, tant qu'y soit heureux. Pis, y a la gamine, elle, elle y tient, d'reprendre les moutons du papa. Alors, bon. Y aura l'bon hériter. Blazej, qu'il fasse ce qu'il lui plait. C't'un gosse aux grandes idées, très intéressé. Et pis, très fier d'être slovaque, alors là … Y connait de ces trucs que même l'école n'enseigne pas, qu'il a appris parce que c'est au label slovaque. Eh. Un brave garçon. J'suis sûre qu'y remplit bien son rôle. Y en parle pas trop. Y revient pas trop non plus, faut dire…

Sa soeur (17 ans) —
Que voulez-vous que je vous dise ? J'ai le droit de dire tout ce que je veux ? Comme la fois où je l'ai accroché à un mouton avant de le laisser là toute la nuit ? Le lendemain, oh mon dieu, il tremblait et chialait, c'était super fun ! … D'ailleurs, maintenant que vous le dites... Je crois que depuis ce jour, il a toujours détesté les moutons... Le pauvre chou. 'Fin … Blazej, j'ai plus trop de contact, j'lui envoie quelques lettres, c'est tout. C'est surtout quand j'ai plus personne à ennuyer, et lui de même. Il demande pas de nouvelles ni de papa, ni de maman. Je crois qu'il veut vraiment couper les ponts... Oh, dites, quand vous retournerez le voir, vous voulez pas lui filer cette peluche mouton ? Et me filmer sa réaction ? Je suis sûre qu'il fondra en laaarmes... Pauvre chou.

Une camarade à l'école de musique (16 ans) —
C'était un cas ! Le professeur désespérait totalement. Je crois qu'il avait envie de lui foutre des claques, mais Blazej, tu avais beau le gifler, il y avait pas de déclic. Oh, oui, je parle en connaissance de cause. Il réagit pas, il garde juste une saloperie de sourire en vous disant que vous êtes passé au-delà des mots, que c'est bas et que vous valait bien moins que lui. Des fois, j'me suis dit qu'il avait raison. Puis finalement, j'ai compris qu'il savait juste pas répondre à ça. Je l'ai jamais vu se battre avec qui que ce soit, et pourtant, il en a eu, des occasions ! … Enfin. Sinon, c'était un bon accompagnant. Il ne joue pas en vedette, il n'est pas le nouveau Béla Batók. Mais c'était sympathique de jouer avec lui. Faut croire que dans certaines conditions, il a un minimum d'esprit d'équipe.

Un ami perdu de vue (15 ans) —
Pfiou, c'qu'il devient ? Allez savoir ! On s'est pas parlé depuis maintenant un an. Avant, on s'parlait comme ça, rapidement par courrier et coup de fil, puis, en vue du fric que ça nous coûte, et vu ce qu'on se racontait au final, on a laissé tomber. Je sais juste qu'il connaissait pas grand monde, dans le sens où il leur parle pas beaucoup. Ca m'a surpris, c't'un peu une grande gueule sur les bords, quand il veut. Mais je crois que c'est la honte ou une connerie dans le genre. Genre, qu'il ose pas trop faire tâche à son pays. C'est un saloperie de fier patriote, ce mec ! Enfin. Il connaissait deux filles. Une qu'il appréciait, l'autre qu'il détestait. Une tchèque, une hongroise. Pas étonnant non ? En tout cas, moi, quand il me l'a dit, je ne l'étais pas. Je m'y attendais. Pire ! J'attendais qu'il me l'annonce ! (rires) Nan, c't'un chic type. Parle beaucoup, des idées à la con et très puéril quand il veut. Et quand ça l'arrange.

Une ex-copine (16 ans) —
Blazej ? Un pur enfoiré, même pas je veux parler de lui. Quoique, j'ai le droit de dire du mal de lui ? Ok, c'est parti ! Ca va me détendre. Ce type, il est incapable d'assumer ce qu'il ressent. Ses sentiments, c'est dans un coffre, et personne y touche. Ce qu'il fait qu'en couple, il considère l'autre comme … Un dû ! Tout ce qui est l'amour, il connait pas ou alors, ça lui semble totalement inconnu … Il m'a largué de sang froid, cet enfoiré. En me lâchant un “ Oh, mais je t'aime, tu ne comprends pas ! ”. Tu parles. Quel con.

Lui-même (15 ans) —
Pourquoi vous cherchez tant à savoir comment je suis ? Je suis comme tout à chacun. J'aime sortir, j'aime pas l'école mais j'aime mon pays. Je suis là pour ça, non ? Je suis comme tout à chacun. J'ai mes défauts, mes qualités. Bien sûr que j'essaie de conserver une bonne image de moi-même, c'est logique non ? C'est l'image de mon pays qui est en jeu. Mais passer le stade de “ camarade-nation ”, fini la courtoisie hypocrite. On déconne plus facilement. Mince, quoi, vous voulez que j'ajoute quoi?